10 déc : Calendrier de l’avent de nos précaires : jour 6

Maître délégué.e, je suis précaire, je témoigne

Chaque été, dans l’incertitude et la menace du chômage

Je suis maître délégué depuis quatre ans. J’interviens principalement en post-bac ! Au niveau salaire, nous avons d’énormes difficultés à obtenir la rémunération de nos heures. Il y a un décalage d’un à deux mois, surtout placé sur un remplacement maladie, reconduit de mois à mois. De plus, en début d’année scolaire, nous sommes obligés de demander des avances sur salaire, limitées à 500 euros, puis 1000 ensuite. Les salaires sont ensuite régularisés (en partie) le troisième mois. On a ainsi l’impression de débuter une carrière tous les ans.
Au niveau de la charge de travail, les heures octroyées sont les heures que l’établissement ne peut pas ventiler à ses enseignants ou matières non enseignées. Donc les classes sont difficiles ou surchargées. De plus, on nous donne tardivement les heures à effectuer donc c’est un très gros volume de travail à prévoir sur les premiers mois. Cette année, j’ai deux heures de droit en BTS CG première année, quatre heures d’atelier professionnel (heureusement que ma collègue m’aide bien), trois heures de fiscalité BTS CG deuxième année et trois heures de système d’information BTS CG deuxième année.


On peut aussi vous désigner professeur référent parce que personne ne veut assumer cette fonction. Et en fin d’année scolaire, vous avez toutes les corrections et oraux dans toutes les matières. Les mois de mai et juin, voire juillet, sont très surchargés, surtout si on a cinq ou six étudiants à suivre en stage. On ne peut rien refuser, sinon nous sommes pénalisés.
Concernant la reconduite des heures d’une année sur l’autre, c’est un vrai calvaire. Ne pouvant se positionner que sur les heures restantes à fin juin, il n’y a plus guère de choix, et quelques fois, les heures annoncées sont déjà promises à un enseignant ou à un maître délégué. Et même quand les heures sont attribuées en fin d’année, on n’a jamais la confirmation par le rectorat. C’est l’incertitude tout l’été avec une possibilité de se retrouver au chômage en fin de compte. J’ai vraiment eu peur cette année d’avoir aucune heure à effectuer.
Au niveau des concours, je suis très déçue. Je l’ai passé trois fois. J’ai eu des notes correctes la dernière fois mais cela n’a pas suffi. Je me suis inscrite en interne et en externe cette année. Mais je crois qu’au final, je ne me présenterai pas. C’est bien dommage, c’est une profession qui m’intéresse et m’apporte beaucoup humainement. La relation avec les étudiants ou adolescents n’est certes pas facile mais elle peut être très enrichissante. J’ai bien sûr eu quelques soucis pour gérer des étudiants pénibles ou “limite” mais j’ai su en tirer une expérience qui commence à m’être très utile dans l’approche des séances pédagogiques ou pour gérer certains conflits. Ma nouvelle fonction de professeur référent m’apporte aussi beaucoup en ce sens.