9 déc : le calendrier de l’avent de nos précaires : jour 5

Maître délégué.e, je suis précaire, je témoigne

Je ne demande pas la lune, juste de quoi vivre décemment

Vivre auprès des élèves, et donc être au plus près de la vie, me comble de bonheur ! Chaque fois qu’un apprentissage a lieu, chaque fois qu’un élève m’accorde sa confiance, chaque fois qu’il m’appelle “maître ” avec un profond respect accompagné d’une grande affection, chaque fois qu’il progresse, chaque fois qu’il s’épanouit, cela me touche.

Mais ce bonheur se paye cher. Lorsqu’on est suppléant, on a un double travail : la préparation au concours et celle de la classe. Ce travail est d’autant plus difficile si on a plusieurs niveaux de classe et ce, pour avoir un temps plein payé 1500 euros bruts par mois (1300 euros nets pour un bac + 5 !). Et il est vital d’avoir un temps plein lorsqu’on est suppléant, sinon il est impossible de s’assumer financièrement.


Si je fais ce travail, c’est parce qu’il a une finalité sociale, celle de préparer les jeunes à devenir les citoyens de demain. C’est cela qui me fait tenir, malgré les difficultés et les injustices que pré- sente le métier. Ceux qui ne le connaissent pas se le représentent faussement. La réalité, c’est un maigre salaire, une non reconnaissance institutionnelle, des charges de travail qui augmentent, des programmes qui changent sans cesse…
Si monsieur le ministre, vous vous demandez pourquoi vous manquez d’enseignants, j’ai une solution à vous proposer. Engagez ceux qui ont envie de faire ce métier, formez-les correctement et surtout, revoyez les salaires à la hausse. Je ne “ demande pas la lune ”, juste de quoi vivre décemment : manger, se vêtir ailleurs que dans les enseignes bon marché, pouvoir me déplacer et avoir les moyens d’accès à la culture.
Être suppléant, c’est en plus avoir toutes les contraintes des enseignants mais en étant en CDD. En fin d’année, en cas d’échec au concours (qui n’est pas fait pour recruter de bons enseignants), on ignore si on aura une place l’année d’après. Si ce n’est pas le cas, il devient très difficile de retrouver du travail car le master MEEF ne permet pas de développer des compétences utiles à une entreprise commerciale. On se retrouve alors à faire ce qu’on n’aime pas, loin de la vie, loin des enfants.