27 janv : RENTRÉE 2021 DANS L’EDUCATION NATIONALE : TOUR DE PASSE-PASSE SUR L’EMPLOI

Une hausse du budget de l’Education nationale, des moyens d’enseignement en plus [ 260 ETP (Equivalent temps Plein) ] pour les établissements d’enseignement privés sous contrat, ce seront sans doute les éléments de langage qui serviront la communication du ministère lors de la rentrée 2021. Mais, en termes de postes d’enseignants, la vérité est autre. Comment arrive-t-on alors à ces + 260 ETP en moyens d’enseignement ? Deux explications.

TOUR N°1 : DES MOYENS D’ENSEIGNEMENT SOUS FORME D’HEURES SUP’

Le ministère augmente les moyens d’enseignement grâce à une utilisation massive d’Heures supplémentaires année (HSA) : 499 ETP sont injectés sous cette forme. Nous n’approuvons pas cette mesure pour quatre raisons majeures : une HSA a une durée de vie limitée dans le temps, ce n’est pas de l’emploi pérenne ; l’injection d’HSA dans le système force le « travailler plus pour gagner plus » alors que le moment supposerait de « travailler moins et de gagner plus » ; plus d’HSA, nous le savons par expérience, fait progresser le nombre de maîtres délégués et de temps incomplets et donc la précarité, déjà importante dans notre secteur ; enfin, les HSA amplifient les différences femmes/hommes, plus elles augmentent, plus cette différence s’accroît.

Donner des moyens d’enseignement en heures supplémentaires permet cependant à l’Etat de faire des économies (une HSA coûte globalement beaucoup moins cher qu’une heure poste). Ce sont donc clairement des choix budgétaires qui s’inscrivent dans une stratégie plus globale puisqu’une deuxième heure supplémentaire a été rendue obligatoire pour les enseignants.

Bilan de l’opération HSA : + 260 - 499 = - 239 postes d’enseignants.

TOUR N°2 : DES CONTRATS ÉTUDIANTS

Des postes d’enseignants sont utilisés pour financer des contrats étudiants (380 ETP). La mise en place de contrats d’étudiants alternants n’est pas une mauvaise chose en soi même si, pour l’instant, la mesure reste floue. Elle devrait permettre de renforcer la formation initiale avec de la pratique sur le terrain. En revanche, financer ces contrats en supprimant des postes de titulaires est tout simplement absurde. On remplace ainsi 380 enseignants par 380 étudiants…

Bilan de l’opération : - 239 - 380 = - 619 postes d’enseignants.

Par ailleurs, 20 ETP sont mis en réserve pour être injectés dans les réseaux autres que catholiques (langues régionales, réseaux laïcs et confessionnels). Le bilan se solde donc par une variation en emplois de – 639 ETP pour le réseau d’enseignement catholique. Conséquence : la majorité des académies démarreront la rentrée 2021 avec un déficit de postes plus ou moins important.