Enseignant suppléant, c’est exercer dans tous les cycles, tous les niveaux, de la petite section au CM2 en passant par une Ulis, d’une classe à simple niveau à une classe à multi-niveaux !
ll doit donc s’adapter à toutes les situations et ce, rapidement et efficacement. On peut être appelé un matin pour aller effectuer immédiatement une suppléance. J’ai vécu tous ces cas de figures.
Durant chaque remplacement, j’ai fait mon maximum pour m’adapter au plus vite, toujours dans le but de ne pas perturber les élèves. C’est donc avec amertume que je recevais mon salaire, parfois avec retard ou parfois encore une simple avance de 400 cents euros. Chaque fin de mois, je devais anticiper afin de ne pas mettre ma famille dans l’inconfort. Cependant, je répondais aux mêmes exigences qu’un enseignant titulaire : participation aux concertations, APC, surveillances…
Je me suis beaucoup interrogée. Méritais-je une rémunération proche du Smic pour un travail équivalent à celui des enseignants titulaires ? Un salaire irrégulier selon le type de remplacement (qui ne laisse d’ailleurs aucune possibilité de vérifier son dû) ? De devoir payer des impôts quand des salaires sont versés à n + 1 ? Et quand on est une femme, il ne fallait surtout pas bénéficier d’un congé pathologique car un arrêt de travail supérieur à quatre mois remettait « le compteur à 0 » interdisant ainsi d’être « Cdisée ».
Et puis, selon les écoles, le suppléant est plus ou moins bien accueilli et épaulé. Il peut donc se retrouver livré à lui-même, travaillant souvent chaque jour sans savoir ce qu’il percevra à la fin du mois. Il lui est donc très compliqué d’envisager l’avenir sereinement. Seule la passion du métier lui fait accepter de telles conditions de travail. À titre personnel, c’est exactement ce que j’ai res- senti durant la décennie de suppléances que j’ai effectuée.