En tant que suppléants, nous sommes affectés sur des postes qu’on nous attribue parfois de façon soudaine sans n’avoir eu ni le temps, ni les moyens de nous y préparer !
Etant suppléante depuis janvier 2006, j’ai la chance d’obtenir des postes à l’année, cependant, nous devons faire preuve d’une charge de travail, d’une adaptabilité et d’une réadaptation continuelle face aux situations qu’on nous propose et que nous devons gérer, situations très variables et parfois complexes. Pour ma part, j’ai eu l’occasion d’exercer sur tous les niveaux de classe et de m’organiser face à des configurations très différentes et variées : niveau unique, décloisonnements, classes multi- niveaux, pédagogie différenciée, niveaux de classes opposés… avec la rigueur organisationnelle que cela exige. À chaque nouvelle rentrée se présentent un nouveau poste, un nouvel établissement, et donc la nécessité de se réadapter systématiquement à un ou plusieurs niveaux de classe, à de nouvelles programmations, à de nouveaux supports… Cela demande une recherche et un travail importants.
Il y a deux ans, j’ai enseigné durant l’année scolaire entière en classe de petite et moyenne section (les lundis et mardis) et également en classe de CM2 (les jeudis et vendredis) dans le même établissement. Cette configuration a demandé de ma part une forte adaptabilité pour mettre en adéquation le temps imparti et les obligations pédagogiques liées au niveau des élèves.
L’année passée, j’ai enseigné sur deux classes (CE2-CM1) et (CE2-CM1-CM2) et j’ai dû faire face à un contexte particulier. Plusieurs élèves présentaient un comportement difficile et de surcroît, un autre élève souffrait de troubles de l’apprentissage et du comportement. Ce contexte m’a obligée à adapter à la fois les apprentissages pour cet enfant et à me positionner en fonction des difficultés rencontrées et des besoins de cet élève. En outre, j’ai dû veiller à sauvegarder avec une vigilance d’autant plus accrue, la sérénité et la sécurité de la classe.
Selon notre parcours universitaire, nous ne sommes pas forcément formés à toutes les situations, mais on nous demande d’une part de les maîtriser, et d’autre part avec un niveau d’études minimum requis : bac + 3, et pour ma part, bac + 5.
La reconnaissance et le salaire dont nous bénéficions sont dérisoires, et en contrepartie, cet état de fait nous discrédite.
J’ajouterai pour terminer que j’ai une pensée pour des collègues que j’ai rencontrées récemment dans le cadre d’une formation et qui me précisaient qu’elles n’avaient pas été rémunérées durant trois mois consécutifs (cette situation étant en lien avec la durée et la précarité de leur contrat). Il va sans dire qu’il est souhaitable, dans notre situation, de pouvoir compter sur le salaire stable et correct du conjoint.
Par conséquent et au regard de cette réalité, il serait plus juste et plus légitime qu’un corps d’enseignants suppléants titulaires soit mis en place et reconnu avec une reconnaissance et un salaire à la mesure de notre charge de travail et de notre niveau d’études exigés.
« Maître délégué.e, je suis précaire » Je témoigne !