21 déc : calendrier de l’avent de nos précaires, J16

Lors de ma première intervention, j’ai été mis devant les élèves le lundi suivant mon recrutement qui a eu lieu le jeudi précédent sans aucune formation au préalable.
Je n’avais jamais enseigné !

J’avais trois niveaux différents et j’avais de plus une classe Segpa. Heureusement que l’équipe éducative en place m’a accueilli chaleureusement et m’a donné quelques supports pédagogiques car sinon j’aurais été dans l’incapacité de faire cours.
La seconde année, j’étais sur deux établissements. Les moyens mis à disposition étaient différents de ceux du tout premier. Je ne pouvais plus reprendre les supports, j’ai dû les adapter. Là encore aucun soutien particulier de l’institution au niveau de la construction des cours.
Dans le premier établissement, l’équipe en place m’a aidé, dans l’autre, j’étais seul. Ils étaient tous très sympathiques mais sans aucun travail d’équipe ou de concertation, il fallait avancer comme je le pouvais.


La troisième année, réforme des collèges oblige, j’ai perdu beaucoup d’heures et j’ai dû quitter un des deux établissements. Je suis cette fois arrivé dans un lycée pro dans une filière que je ne connaissais pas. J’ai dû consacrer plusieurs semaines de vacances scolaires afin d’être à niveau. La formation était dispensée par un de mes collègues qui a bien voulu m’accompagner. En aucun cas l’institution ne s’est souciée de ma formation, ni n’a participé de quelque manière que ce soit à ma mise à niveau (matériellement et/ou financièrement).
La quatrième année, on m’a demandé de dispenser une option en seconde et là également, débrouille-toi… C’est sur cette option que je rencontre le plus de difficultés car cette option est nouvelle dans l’établissement où j’interviens et je n’ai pas de référent sur lequel je peux m’appuyer.
L’argent n’est pas ma motivation principale car j’aurais changé de voie très rapidement. L’institution fait tout ce qu’il faut pour démotiver les maîtres auxiliaires. Mais… aucune prise en compte, même partielle, du parcours antérieur, un niveau de rémunération indécent au regard du niveau du diplôme requis, une attente durant plusieurs mois pour avoir une rémunération men- suelle complète et cela même en étant reconduit dans la fonction.
Lorsque j’ai exposé ma situation, il y avait du mépris de la part de certaines personnes du rectorat et lorsque j’ai évoqué la différence de traitement entre privé et public, on m’a répondu que je n’avais qu’à travailler dans le public.
Pourquoi après trente ans d’expérience professionnelle et un niveau master II, il n’est proposé que moins de 1 600 euros par mois ? L’institution a une conduite irresponsable et a des pratiques que je n’ai jamais rencontrées dans les entreprises privées où j’ai pu travailler.
Les exigences sont disproportionnées au regard de la pratique de terrain et non représentatives du métier.